jeudi 31 juillet 2014

Le mot chinois de la semaine à Singapour: 大数据 Dà shùjù "BIG DATA" ou "Immense base de données"

En 2002, le ministre de la défense, le Dr Ng Eng Hen visite le DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency) aux Etats-Unis. Il y rencontre alors un haut conseiller de la défense nationale américaine, John Poindexter. Il apprend que l'agence souhaite lancer un nouveau programme qui, à travers l'analyse d'un grand nombre d'informations électroniques, vise à identifier des modèles d'actions suspectes pour lutter principalement contre de potentielles attaques terroristes. Ce programme se nomme le TIA (Total Information Awareness, plus tard renommé Terrorism Information Awareness).

Ce système est alors capable de rassembler toutes sortes d'informations : mails, communications téléphoniques, recherches sur internet, réservations de billets d'avions ou d'hôtels, transactions de cartes bleues, rapports et diagnostiques médicaux...En s'appuyant sur un protocole pré-déterminé, le système de renseignement peut ainsi enregistrer les traces et les signatures numériques conduisant à anticiper les actes terroristes.

Dr Ng Eng Hen est très impressionné par cette idée audacieuse consistant à établir autant de connexions via une immense base de données. Il déclare qu'il est ainsi désormais possible "de trouver une aiguille dans la mer".
En 2003, la crise du SRAS fait rage, 33 personnes décèdent et la croissance économique du pays en est fortement affectée. Le Dr Ng Eng Hen saisit cette opportunité pour établir un organisme de détection et d'évaluation des risques : le RAHS (Risk Assessment and Horizon Scanning program), une agence responsable de la prévention des attaques terroristes et des attaques «non conventionnelles», comme les attaques chimiques ou utilisant des armes biologiques.

A cette période, les membres du gouvernement participent à de nombreux débats pour le projet et expliquer comment ils souhaitent utiliser cette énorme base de données.

En 2003, Mr Poindexter quitte la DARPA et devient conseiller spécial pour le programme singapourien RAHS. De nombreux espions américains se rendent alors à Singapour pour étudier le vaste programme de surveillance mis en place par la Cité-Etat.

Le gouvernement paternaliste de Singapour veille à ce que les besoins fondamentaux de la population soient préservés: logement, éducation et sécurité, et il continue de gagner le respect de la population. Il s'agit d'un renforcement de l'ordre dans une société où la définition du mot "ordre" doit être comprise au sens large.


Le programme du RAHS n'a cessé de se développer ces dix dernières années et il a de loin dépassé les attentes de John Poindexter. Aujourd'hui, les ministères à l'instar des institutions militaires et civiles utilisent tous l'analyse de données et la planification de scénarios offertes par le RAHS. L'énorme base de données permet non seulement la prévention anti-terrosriste mais elle est également utilisée pour beaucoup d'autres applications. Le RAHS sert en effet à la planification et à la budgétisation ainsi qu'aux prévisions économiques. Il fournit des informations nécessaires à la politique d'immigration. Le système est enfin utilisé pour étudier le marché de l'immobilier et pour élaborer des programmes éducatifs de qualité.

Singapour s'est ainsi transformé en laboratoire pour tester les moniteurs et l'analyse de données à grande échelle afin de prévenir le terrorisme, mais aussi en une plateforme technologique ayant pour but de concevoir une société plus harmonieuse.

Lien vers le programme international RAHS:
http://app.rahs.gov.sg/public/www/home.aspx







mardi 29 juillet 2014

"刑不上常委" Lutte anti-corruption en Chine : plus personne n'est à l'abri...

Le Président Xi Jinping poursuit sa campagne anti-corruption et frappe très fort en s'attaquant à une des plus importantes figures du comité permanent du parti politique chinois : le vieux "tigre" retraité en 2012, Zhou Yongkang. Soupçonné d'avoir enfreint la discipline du parti, il est mis en examen par la commission de contrôle disciplinaire du comité central. Depuis l'arrestation de Bo Xilai, de nombreuses rumeurs de corruption circulaient déjà sur Zhou Yongkang, ancien secrétaire de la sécurité publique. 
Ainsi, c'est la première fois qu'un ancien membre du politburo ayant lui-même eu "droit de vie et de mort" (的前政法委书记lorsqu'il était en fonction est arrêté pour corruption. 

Politiquement, c'est un évènement majeur mais symboliquement c'est un signe encore plus fort pour le peuple chinois : une règle tacite vient d'être brisée. En effet, les membres permanents du PCC ne sont désormais plus assurés de l'impunité "刑得上常委".

Cette lutte anti-corruption apparaît donc pour la première fois "sans limites" pouvant atteindre jusqu'aux plus hautes sphères du parti. 

Zhou Yongkang 周永康
















lundi 14 juillet 2014

CULTURE CHINOISE : L'OPERA DE PEKIN A SINGAPOUR

Le 5 septembre prochain, à l’occasion de la fête de la mi-automne, de célèbres maîtres de l’opéra chinois seront réunis pour une représentation spéciale à l’Esplanade.
Ce soir-là, les acteurs interpréteront plusieurs morceaux choisis parmi divers styles d’opéra chinois sous-titrés en anglais et en chinois. Ainsi, le public, même novice, pourra admirer cet art traditionnel inscrit au patrimoine de l’Unesco. Un spectacle rare à ne pas manquer…
La représentation sera composée de 4 extraits d’opéra.

1er Extrait : « Fleuve d’automne » 秋江 Qiujiang


Il s’agit d’un extrait de l’opéra Kunqu (ce style d’opéra, originaire de la ville de Kunshan près de Suzhou possède une histoire de plus de 500 ans). Cet extrait, tiré de la pièce « 玉簪记L’épingle de Jade » écrite en 1615 par Gao Lian (高濂), relate une histoire d’amour: Chen Miaochang, une jeune et ravissante nonne taoïste du temple de Nüzhen (le temple du « Troène de Chine ») tombe amoureuse de Pan Bizheng, un lettré qui étudie au temple et qui est également le neveu de la bonzesse supérieure. Offusquée par la découverte de cette liaison, la bonzesse supérieure chasse son neveu loin du temple en prétextant l’envoyer passer les examens impériaux. Après le départ du jeune homme, la petite bonzesse s’échappe du temple pour rejoindre son amoureux mais elle arrive près d’un fleuve aux vagues déferlantes. Elle demande donc de l’aide à un vieux batelier. C’est ici que le jeu des acteurs prend toute sa dimension: l’un interprète un personnage qui brûle d’impatience « souhaitant traverser le fleuve en volant » et l’autre, un vieux batelier impassible et moqueur. Mais finalement, le viel homme s’émeut devant la passion et le sentiment amoureux de la jeune femme.
Ce passage d’opéra se déroule à bord du navire alors que sur la scène, il n’y a pas d’eau et encore moins de bateau : l’intrigue se transmet à travers le jeu des acteurs et la perception du spectateur. Cet extrait résume ainsi de façon magistrale l’art de la gestuelle théâtrale de l’opéra chinois.

2ème Extrait : « Le quatrième fils souhaite revoir sa mère » 四郎探母 Silang tan mu


Cette pièce est un opéra de Pékin. L’intrigue se déroule sous la dynastie des Song du Nord (Xème siècle ap J.C) et décrit le courage de la famille Yang pour résister à l’invasion des Liao qui tentent d’envahir le royaume par le nord. Toute la famille, hommes et femmes, jeunes et anciens, décident alors de livrer bataille. Cette épopée émouvante, retraçant l’engagement de chacun des héros, est encore transmise de nos jours dans le folklore populaire.
Dans cet extrait, Yang Yanhui, le quatrième fils possède le rôle principal. Alors qu’il est en guerre contre les armées Liao, il est fait prisonnier. Après sa capture, l’ennemi change son nom et l’appelle Muyi. De plus, il le force au mariage avec la princesse Tiejing.
Quinze ans plus tard, le quatrième fils apprend que son sixième frère assume le commandement des armées sur le front et que sa vieille mère She Taijun est également présente sur le campement afin d’aider aux fourrages et aux provisions. Cela émeut fortement le quatrième fils qui meurt d’envie de voir ses proches. Cependant la guerre sur le front est violente et le quatrième fils ne peut traverser la frontière, il se désole. Le quatrième fils se confie alors à la princesse qui prend parti pour son époux et ordonne en secret qu’on lui donne des flèches. Le quatrième fils profite alors de la nuit pour passer la frontière. Il est découvert et arrêté par Yang Zongbao (le sixième fils) qui surveille et patrouille le campement. Ce dernier lui demande de repartir pour espionner les rivaux Liao. Le sixième fils libère en personne son frère le quatrième et le livre à son clan. La famille éprouve de la joie mêlée à de la tristesse et tous pleurent dans les bras les uns des autres. Après ces courtes retrouvailles, le quatrième fils s’en va à nouveau.
Ce morceau célèbre de l’opéra de Pékin est également appelé « Si Panshan 四盘山 : le quatrième à Panshan», ou encore appelé « Bei Tianmen 北天门: La porte céleste du nord ».
Dans cet extrait, le spectateur peut apprendre à reconnaître deux personnages importants et codifiés de l’opéra de Pékin : le « Sheng  » (rôle masculin) et le « Dan  » (rôle féminin).

3ème Extrait : « Xiang Yu-Adieu ma concubine » 项羽-霸王别姬 Xiang Yu-Bawang bie ji


Célèbre extrait de l’opéra de Pékin, « Adieu ma concubine » décrit la fin tragique du monarque Xiang Yu des Chu de l’ouest.
A la fin de la dynastie Qin (environ -200 av J.C), le royaume Han entre en guerre contre le Chu. Han Xin (célèbre général Han) tend une embuscade à l’armée de Chu dans les montagnes Jiulishan (près de l’actuelle ville de Xuzhou). L’armée de Chu, acculée à Gaixia, rend les armes et se soumet au roi des Han. Xiang Yu entend l’hymne national chanté de toutes parts et il se doute alors que son armée est tombée aux mains des Han.
Désespéré, au camp militaire, il s’enivre et fait ses adieux à sa concubine Yuji qui, après avoir dansé pour son roi, se suicide d’un coup d’épée.
Le roi se rend alors au bord de la rivière Wujiang et met fin à ses jours.
Les archives historiques relatent que le suzerain Xiang Yu comprit que son armée était dominée par l’empereur Gaozu des Han la veille de la bataille finale et que c’est à ce moment là, qu’il n’a alors eu d’autre choix que de faire ses adieux à sa concubine Yuji.
Le spectateur pourra revoir le magnifique film de Chen Kaige « Farewell my Concubine » pour apprécier d’autant plus cet extrait.

4ème Extrait : « Le mont Cuiping » 翠屏山 Cuiping shan

Cet opéra est tiré du célèbre roman « Au bord de l’eau 水浒传 ».
Yang Xiong et Shi Xiu sont frères jurés. Yang Xiong a aidé Shi Xiu à ouvrir une boucherie. Shi Xiu découvre que l’épouse de Yang Xiong, Pan Qiaoyun entretient une relation amoureuse avec le moine Pei Ruhai. Il en informe Yang Xiong. Ce dernier s’enivre de colère et lorsqu’il rentre chez lui, il interroge son épouse. Pan Qiaoyun et sa servante Ying’er lui disent que c’est une invention de Shi Xiu pour se jouer de lui. Yang Xiong finit par croire son épouse et coupe les ponts avec son ami. Cela engendre une dispute entre Pan l’épouse infidèle et Shi l’ami fidèle. Shi Xiu quitte la famille de son ami très en colère et s’en va noyer son amertume dans l’alcool.
Dans sa nuit d’ivresse, il assassine Pei Ruhai pour venger son ami. Yang Xiong y voit alors clair. Il se joue de son épouse et de sa servante et les emmène au mont Cuiping. Là, il les oblige à lui dire la vérité. Après la révélation de l’adultère, Shi Xiu convainc Yang Xiong de tuer son épouse.


jeudi 10 juillet 2014

LE GUIZHOU A L'HONNEUR A SINGAPOUR



A voir Dimanche 13 juillet à 19h30

Une première à Singapour : un spectacle de danse et de chants des minorités du Guizhou 

« Impressions des monts Fanjing 印象梵»

Les voix des villages des montagnes Fanjing vont résonner ce week-end à Singapour. Dans l’ouest de la Chine, il y a un mont connu de tous : le mont Fanjing qui est le point culminant de la chaine des montagnes Wuling, c’est l’un des cinq monts sacrés du bouddhisme en Chine et sa formation date de plus d’un milliard quatre cent millions d’années. En bas de cette montagne se trouve une ville aussi « jolie qu’un tableau ou qu’un poème » appelée Tongren. Ici, vivent principalement des minorités Tujia, Miao, Yilao et Dong. Chacune de ces minorités a préservé ses traditions artistiques. Les Tujias sont les plus nombreux à Tongren, ils sont réputés pour leur gentillesse et leur hospitalité, les hôtes sont toujours accueillis au son des tambours. Les chants montagnards Tujias sont aigus, émouvants. Les rythmes enjoués sont comme une libération d’énergie et les chants invitent à la contemplation de la nature environnante. Les Miaos possèdent également leurs traditions et ils sont réputés pour « leur claquettes » ensorcelantes…

Pour assister à ce spectacle haut en couleur :
Bukit Merah CC : 6474 1097
Radin Mas CC : 6273 5294
10 SG$ par personne
Singapore Polytechnic
500, Dover Road

dimanche 6 juillet 2014

Singapour célèbre le 50ème anniversaire de sa création le 9 août prochain




Avec un fort symbole de tolérance…

Singapore Press Holdings Limited (SPH) a invité Stephen Wiltshire à venir dessiner la ville afin de célébrer le cinquantième anniversaire de la création de Singapour.

Autiste doté d’une mémoire visuelle phénoménale (dite eidétique), l’artiste britannique est réputé pour ses immenses paysages urbains. La précision des détails urbains, reproduits d’après l’unique mémorisation mentale du dessinateur, contribue à la singularité des œuvres de Stephen Wiltshire.

L’œuvre réalisée par l’artiste sera offerte à Singapour par Singapore Press Holdings. 

Stephen Wiltshire atterrira à Singapour pour la première fois mercredi prochain. Le 15 juillet, l’artiste survolera la cité-Etat dans un hélicoptère de l’armée afin de « mémoriser le panorama ».  Ensuite, il dessinera Singapour sur place au Paragon (du 16 au 20 juillet) sur une toile de 4m de long et 1m de large.
Le 21 juillet, Stephen Wiltshire visitera l’école « Pathlight » afin d’échanger avec des enfants aux besoins éducatifs spécifiques et notamment autistes.
Singapour réitère ainsi son modèle social d’intégration et de tolérance.
En septembre, la toile sera inaugurée par le président Dr. Tony Tan Keng Yam, elle sera ensuite exposée à la Singapore City Gallery.

samedi 5 juillet 2014

Singapour souhaite maintenir son bilinguisme et en particulier renforcer la maîtrise du mandarin


D’après le quotidien chinois Lianhe Zaobao, le bilinguisme à Singapour est définitivement un avantage compétitif pour la Cité-Etat.
La campagne politique « Parlons mandarin »(讲华语运动) a pour objectif d’inciter les singapouriens à s’exprimer davantage en chinois (mais également à abandonner leurs dialectes d’origine tels que le hokkien, le teochew, le cantonnais ou encore le hakka…au profit du mandarin). Cette campagne célèbre aujourd’hui son trente-cinquième anniversaire. 
Selon le Premier Ministre Lee Hsien Loong, ce mouvement doit s’accélérer, il ne doit pas être abandonné. Un Conseil de promotion du mandarin a ainsi été mis en place pour célébrer ce 35ème anniversaire : il a pour mission de publier une édition spéciale commémorative « Le mandarin-Une nouvelle époque "华语-新时代". Cette édition remontera aux origines de la création de la campagne en 1979 et reviendra sur son développement et son influence.
Le premier ministre a encouragé les singapouriens à poursuivre ce mouvement.
La politique éducative du parti d’action populaire (PAP 人民行动党) exige depuis 1959 que chaque élève étudie l’anglais ainsi que sa propre langue maternelle.
Le premier ministre Lee Hsien Loong rappelle que la capacité des singapouriens à s’exprimer dans deux langues « dans un bon anglais et un chinois acceptable » est un fait remarquable et particulièrement rare. « En Chine, à Hong-Kong et à Taïwan, c’est peu commun » souligne t-il.
Lee Hsien Loong a encore ajouté que l’emploi du français et de l’anglais au Canada s’apparentait quelque peu au système singapourien. Mais il a cependant fait remarquer que le français et l’anglais n’était pas si éloignés alors que l’anglais et le chinois étaient des langues radicalement différentes et que ce fait renforçait d’autant plus « la réussite du système bilingue de Singapour ».
En ce jour, Li Xianlong a declaré l’ouverture officielle du mouvement annuel “Parlons mandarin”.